Si le numerus clausus est toujours appliqué en France dans le cursus des masseurs kinésithérapeutes, son utilité est cependant remise en cause. De nombreux étudiants contournent cette sélection chiffrée en partant étudier à l’étranger.
Le Numerus Clausus des masseurs kinésithérapeutes, une invitation à partir étudier à l’étranger ?
Comme toutes les professions paramédicales, celle de masseur kinésithérapeute est soumise à ce fameux numerus clausus, que les autorités sanitaires réévaluent chaque année en fonction des besoins et des perspectives. Depuis plusieurs années, ce numerus clausus pour les masseurs kinésithérapeutes progressent et pour la rentrée 2017, les Instituts de Formation en Masso-Kinésithérapie (IFMK) accueilleront, pour la première fois, plus de 2700 candidats avec 63 places supplémentaires. Cette croissance constante du nombre d’étudiants admis à devenir masseur-kinésithérapeute répond notamment à la forte demande de masseurs-kinésithérapeutes hospitaliers. Dans la réalité, la très grande majorité des étudiants préféreront opter pour la voie libérale, même si l’hôpital multiplie les efforts pour se montrer plus attrayant, comme nous avons pu le voir récemment.
Il nest donc pas certain, que cette réévaluation du numerus clausus des kinés assure de faire face aux attentes des établissements hospitaliers. Cela se traduira alors, dans les années à venir, par une hausse prévisible encore du nombre d’étudiants. Mais indépendamment du numerus clausus, les candidats à la profession de masseur kinésithérapeute sont aussi en progression constante. Chaque année, de nombreux étudiants sont donc écartés de la formation, et certains redoublent alors d’efforts pour suivre leur projet de vie, quitte à devoir partir à l’étranger.
Quand les masseurs kinésithérapeutes se forment à l’étranger
Des candidats au métier de masseur kinésithérapeute décident en effet de partir poursuivre leur cursus à l’étranger, afin de revenir en France, avec leur précieux diplôme en poche. Les destinations les plus prisées par les futurs kinés français demeurent, depuis quelques années, l’Espagne et l’Allemagne. Si le sujet reste tabou, certains acceptent de témoigner, comme l’ont fait, en 2016, plusieurs étudiantes devant les journalistes du Figaro. Delphine se souvient ainsi de ses 19 ans, année durant laquelle elle partit s’installer à Madrid : « L’adaptation en première année a été dure avec l’éloignement de ma famille et les cours en espagnol… Je navais vraiment pas le niveau, mais je ne regrette rien. Les professeurs et les étudiants nous soutenaient. Il ny avait plus la compétition de la PACES et des concours ».
Certes, que ce soit en Allemagne ou en Espagne, les candidats et candidates doivent se plier à certaines formalités, qui restent réduites, il faut bien l’avouer. Outre-Rhin, l’inscription sera uniquement conditionnée à la maitrise et à la compréhension de la langue de Goethe. On comprend donc que celles et ceux, qui ne connaissent pas le succès au concours et à la Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES) se tourne alors vers les autres pays européens.
Des masseurs kinésithérapeutes français de plus en plus européen…
Le phénomène est loin d’être anecdotique à en croire les études de l’Ordre des Masseurs Kinésithérapeutes. Entre 2012 et 2016, 62% des professionnels nouvellement inscrits à l’ordre sont titulaires d’un diplôme français. Et parmi les 38% restants, 22% sont des étudiants et étudiantes français, ayant obtenu leur diplôme hors des frontières. L’instauration de quotas en Belgique a certes réduit le nombre de diplômés français (de 957 en 2010 à 537 en 2015) mais elle na que déplacé les lieux d’études. Dans le même temps, l’Espagne a vu le nombre de diplômés français de masseurs kinésithérapeutes passer de 377 à 565. En Allemagne, la qualité reconnue des formations diplômantes explique en grande partie l’arrivée de plus en plus massive d’étudiants français, attirés par ce système qui ne connait pas le numerus clausus et supprime donc cette notion de sélection, si présente dans le système français.
La libre circulation, posée comme une règle intangible dans l’Union Européenne, facilite aussi ces études étrangères. Mais si plus d’un tiers des nouveaux masseurs kinésithérapeutes en France ne sont plus titulaires d’un diplôme français, on comprend que la question de l’utilité d’un numérus clausus se pose avec encore plus d’importance. A quoi bon vouloir continuer à réguler le nombre d’étudiants masseurs kinésithérapeutes en France, si cest pour accroitre les effectifs des instituts de formation européens ?
Et vous, où avez-vous obtenu votre diplôme de masseur kinésithérapeute ? Comprenez-vous encore le numerus clausus tel qu’il existe en France aujourd’hui ?
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