Le massage et les masseurs kinésithérapeutes, une question de vocabulaire ?

Publié par 9 mai 2018

On a tout lu et tout écrit sur les massages. À visée thérapeutique ou dans un but de confort, les massages sont à l’origine de nombreux conflits, qui ont opposé les kinés libéraux aux esthéticiennes et autres professionnelles du bien-être et de l’apaisement. Pourtant, la loi de 2016 ambitionnait de régler ce différend.

Quand les kinésithérapeutes étaient définis par leurs actes …

Pendant des années, les faits divers regorgeaient de procès intentés par des masseurs kinésithérapeutes à l’encontre d’esthéticiennes ou d’instituts de beauté. Ces conflits reposaient sur la définition même de la profession de masseur kinésithérapeute. Avant la loi de modernisation du système de santé, le kiné libéral ou hospitalier était défini par les actes qu’il prodiguait et non pas par les missions qui lui étaient dévolues.

Le code de la Santé publique stipulait donc que le massage était de la compétence exclusive des masseurs kinésithérapeutes. Les esthéticiennes, proposant donc des massages, se rendaient alors coupables d’exercice illégal de la masso-kinésithérapie. Elles disposaient cependant du droit de réaliser des « techniques à visée esthétique et de confort », qui devaient alors être regroupées sous le nom de modelage.

Pour résumer, les masseurs kinésithérapeutes étaient donc les seuls à pouvoir pratiquer les massages dans un but thérapeutique, mais aussi les massages bien-être. Et cette exclusivité avait même fait l’objet d’un rappel par la loi du 04 mars 2002 qui soulignait :  « La profession de masseur-kinésithérapeute consiste à pratiquer habituellement le massage et la gymnastique médicale ».

Depuis plusieurs années, les promoteurs du massage bien-être demandaient à ce que la loi distingue les massages à visée thérapeutique de ceux prodigués dans un seul but de confort ou de bien-être. Et leurs demandes ont été entendues.

Vers la libéralisation du massage avec la loi santé de 2016 ?

C’est la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 qui a mis fin à de nombreuses années de conflits entre les masseurs kinésithérapeutes d’une part et les professionnel(le)s du bien-être, qui ne pouvaient pas jusque-là utiliser le terme de massage. Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, expliquait ainsi devant les sénateurs :

 

 «  Cette évolution législative conforte et recentre le masseur-kinésithérapeute dans son rôle essentiel de professionnel de santé de la rééducation (…) Le massage non thérapeutique, dont l’objectif premier est d’apporter un bien-être à la personne, pourra être réalisé, au regard de la nouvelle rédaction législative du code de la santé publique, par un professionnel qui ne dispose pas du titre de masseur-kinésithérapeute. »

 

Depuis cette date donc, les massages à but thérapeutique relèvent donc uniquement de la responsabilité des masseurs kinésithérapeutes alors, que les esthéticiennes et autres professionnelles du bien-être et de la détente peuvent proposer des massages bien-être, sans devoir les désigner sous des termes inappropriés comme « modelage ».

Le massage d’aujourd’hui et de demain, comment le définir ?

En recentrant le métier de masseur kinésithérapeute et en le revalorisant, la loi de 2016 a néanmoins imposé la libération de cette pratique du massage. L’accord passé, en 2010, entre les masseurs kinésithérapeutes et les esthéticiennes serait donc, aux termes de la loi, caduque, autorisant les esthéticiennes à utiliser le terme de massage et non plus de modelage.

Pour les masseurs kinésithérapeutes, il n’est pas question cependant de laisser la libération du massage induire des dérives néfastes à la santé ou au bien-être des patients et patientes. Le législateur a d’ores et déjà prévu que le massage bien-être devrait faire l’objet d’une législation spécifique, qu’il reste encore à rédiger, à en croire les propos de Mme la Ministre de la Santé devant les sénateurs :

 

« Ces éclaircissements réglementaires adoptés, il appartiendra à la commission nationale de la certification professionnelle compétente de se prononcer sur l’inscription du titre de praticien en techniques de bien-être au regard des formations dispensées. »

 

En d’autres termes, une formation devrait être créée dans les années à venir, afin de permettre de définir qui a le droit de proposer des massages à des fins de bien-être et de confort. Et en attendant cette nouvelle législation, la situation reste quelque peu confuse, puisque si certains Instituts de Beauté communiquent déjà sur leurs offres de massages, certains masseurs kinésithérapeutes dénoncent publiquement l’utilisation inappropriée de cet acte de soins, qui est, à leurs yeux, toujours caractéristique de leurs professions. Il faudra donc encore patienter pour que soit définitivement clos le débat autour du massage et des kinés libéraux ou hospitaliers.

 

Comprenez-vous l’importance que l’on donne à cette question sémantique (massage/modelage, massage bien-être, massage thérapeutique…) ? Quelles seraient selon vous les mesures à prendre pour en finir avec cette confusion dans l’esprit des patients ?

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