Un kiné libéral non-voyant de Nanterre accusé de 5 agressions sexuelles

Publié par 19 juin 2018

Un fait divers récent met en cause un masseur kinésithérapeute, ternissant la profession. Accusé d’agressions sexuelles, ce kiné libéral est, en outre, aveugle. Alors que l’on devrait souligner les efforts dégagés pour surmonter cette cécité, les médias se concentrent sur l’accusation d’agressions sexuelles visant un kiné libéral non-voyant.

Quand les kinés libéraux font parler d’eux dans la rubrique des faits divers

C’est au mois de mai dernier, qu’un masseur kinésithérapeute a fait parler de lui. Aveugle, il est soupçonné d’agressions sexuelles sur plusieurs de ses patientes. Kiné libéral à Nanterre, ce professionnel de santé aurait eu les mains baladeuses, même s’il se servait de son handicap pour s’excuser de ces gestes déplacés auprès des victimes, clientes de son cabinet.  Ce kiné indélicat exerçait en tant que kiné collaborateur dans un cabinet, où se trouve également un autre masseur kinésithérapeute non voyant. Ce dernier a immédiatement réagi : « Je me suis rapproché de l’ordre des kinésithérapeutes pour leur demander de le suspendre temporairement ».

 

Il s’agit bien évidemment de protéger la patientèle du cabinet, mais aussi l’image de la profession. Il faut dire, que la rubrique des faits divers des quotidiens nationaux et régionaux est trop souvent alimentée par des récits de ce genre. Et à chaque agression sexuelle, commise par un kiné libéral, c’est toute la profession qui est pointée du doigt. Les amalgames conduisent alors à ternir le métier même de kiné libéral.

Il ne convient pas ici de se prononcer (et encore mois de juger)   les 5 agressions, dont est soupçonné le kiné libéral, mais bien de souligner que ce récit (très médiatisé)  a multiplié les réactions, puisque l’accusé est à la fois masseur kinésithérapeute et non voyant. Cette cécité, qui aurait dû forcer le respect et la reconnaissance, aura permis à l’accusé de passer entre les mailles du filet pendant de (trop) nombreux mois. Cela ne doit pas ternir la profession en elle-même, ni même entacher les efforts et le mérite, que doivent inspirer les kinés non-voyants ou même mal voyants. Car, il ne représente pas un cas isolé, bien au contraire.

Quand des masseurs kinésithérapeutes dépassent l’obstacle du handicap

On évoque souvent la kinésithérapie lorsque l’on évoque les situations de handicap, vécues par certains patients. Mais on s’attarde plus rarement sur les professionnels, décidant de s’installer en tant que kiné libéral, souffrant eux aussi d’une déficience ou d’un handicap. Et pourtant, ces kinés libéraux attestent, que l’expertise et le savoir-faire de la profession sont nécessaires, voire indispensables pour le bien-être et la santé de leur patientèle. C’est le cas des masseurs kinésithérapeutes aveugles ou malvoyants, professionnels réunis au sein d’une association, l’UNAKAM.

 

En France, on ne recense pas moins de 2.000 masseurs kinésithérapeutes déficients visuels, dont la grande majorité exerce en tant que kiné libéral. Historiquement, la profession de masseur kinésithérapeute reste liée à l’emploi de ces professionnels, présentant un déficit visuel, que ce dernier existe depuis la naissance ou qu’il résulte d’un accident ou d’une maladie.

Certes, la formation pour l’obtention du diplôme d’État est adaptée avec 4 écoles en France, proposant un cursus pensé pour ces étudiants et étudiantes (supports de cours en braille, dessins en relief, maquettes…).  En revanche, le contenu même de la formation reste inchangé, seuls les supports sont spécifiques. Il en sera de même dans le cabinet de kinésithérapie, dans lequel les équipements et les outils devront être choisis en fonction du handicap du (ou des) kinés.

S’installer en tant que masseur kinésithérapeute libéral lorsque l’on souffre de déficience visuelle !

L’ouverture d’un cabinet libéral de kinésithérapie, lorsque l’on souffre d’une déficience visuelle, impose en effet certaines adaptations. Ainsi, les ordinateurs utilisés devront être adaptés et équipés pour répondre aux besoins spécifiques de chacun. Qu’il s’agisse de synthèses vocales, de systèmes pour grossir les caractères ou de supports en braille, ces équipements peuvent être utilisés par ces kinés libéraux. De même, les appareils de physiothérapie, fonctionnant avec des écrans tactiles, ne peuvent pas être utilisés sans équipements complémentaires.

 

En revanche, les soins prodigués par le kiné libéral déficient visuel sont les mêmes que dans tout autre cabinet et seuls les locaux ont besoin d’être aménagés. À l’heure où le fait divers de Nanterre déchaîne les passions, il apparaissait essentiel de souligner le dévouement et le professionnalisme de tous les kinés non-voyants ou mal voyants.

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