En France, la pratique de la kinésithérapie est soumise à l’obtention du diplôme d’Etat (diplôme français ou reconnu comme équivalent). Avant de se retrouver face au patient, l’étudiant doit donc procéder à son inscription et admission en établissement de formation en masso-kinésithérapie et satisfaire à toutes les obligations qui lui sont faites (stage, …). Jusqu’en 2019, la PACES représentait la voie privilégiée pour l’inscription à un établissement, une école de kinésithérapie : l’IFMK. Depuis, une réforme visait à simplifier le mode d’inscription. Qu’en est-il réellement et quel est l’impact sur les études kiné ?
La refonte des études de santé, une nécessité appelée par tous les professionnels
Médecins généralistes, kinés libéraux, infirmières hospitalières… une grande partie des professionnels de santé partageaient un même jugement critique sur le premier cycle des études de santé. Bien souvent, la première année commune aux études de santé (PACES) était dénoncée pour les conditions éprouvantes (pour certains) et inadmissibles pour d’autres. De nombreux étudiants dénonçaient la (trop ?) grande sélectivité de cette formation. Toutefois, elle était nécessaire pour pouvoir devenir kiné libéral ou hospitalier notamment. En effet, plus de 3 étudiants sur 4 en Institut de formation en Masso-kinésithérapie (IKMK) étaient alors issus de cette PACES, le dernier quart se partageant entre une première année de licence de biologie ou une première année en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS).
La suppression de la PACES pour rendre les études de masso-kinésithérapie plus accessibles ?
Les autorités publiques ont entendu ces demandes répétées. En efft, la PACES a définitivement disparu du cursus proposé aux futurs soignants à la rentrée de septembre 2020. Il s’agit de la traduction de la réforme du premier cycle des études de santé, adoptée en 2019. Pour les pouvoirs publics, cette refonte de l’inscription en établissement de masso-kinésithérapie visait trois objectifs principaux :
- Répondre aux besoins de nouveaux soignants (médecins, masseurs-kinésithérapeutes, …) dans les années à venir,
- Garantir la diversification des parcours des futurs soignants et ainsi assurer une plus grande hétérogénéité des profils,
- Assurer des études respectueuses pour les candidats, en limitant voire supprimant une sélectivité exacerbée, sans augmenter les frais de la scolarité du futur kiné.
Les nouvelles possibilités d’accès aux IFMK
Pour devenir masseur kinésithérapeute, l’étudiant ou l’étudiante devra toujours suivre un cursus au sein d’un IFMK. En revanche, les possibilités d’accès ont été revues. Deux nouvelles voies d’admission ont ainsi été créées tout en conservant celles de la biologie et du STAPS.
- Biologie et STAPS
Ces filières permettent, comme autrefois, de pouvoir poser sa candidature à un IFMK. Les étudiants, qui n’arrivent pas à franchir cette ultime sélection, pourront continuer leurs études en seconde année de leur filière.
- Le PASS pour Parcours Spécifique “Accès Santé”
Disponible dans les universités de Santé, ce cursus universitaire permet aux futurs professionnels de santé de suivre un cursus spécifique « Accès Santé » en laissant la possibilité à chacun de choisir une mineure. Pour les étudiants validant leur première année de licence, il sera possible de s’orienter vers la formation en école de kinésithérapie. Ceux ne réussissant pas les tests de sélection en IFMK pourront s’ils le souhaitent, poursuivre en seconde année dans la mineure notamment en Science, qu’ils ont choisie au départ.
- La LAS pour Licence avec option « Accès Santé »
Les candidats s’inscrivent alors dans la discipline de leur choix en choisissant nécessairement l’option « accès Santé ». Seule la validation de la première année de licence, comme pour le PASS, permettra de pouvoir candidater à la formation en kiné. En cas d’échec, la poursuite de la seconde année de licence restera possible.
4 possibilités d’accès pour pouvoir espérer devenir masseur kinésithérapeute.
Quelles conséquences cette réforme a-t-elle eu sur les études des futurs kinés ?
Si la suppression de la PACES a été salué par la majorité des syndicats professionnels mais aussi par une grande partie des professionnels de santé, elle n’a pas facilité le parcours des futurs kinés. En contraignant les étudiants à devoir « choisir une voie de repli », les autorités publiques ont reconnu, dès 2021, avoir manqué de pédagogie pour faire comprendre le sens de la refonte de ces études. Cela a conduit les autorités publiques à devoir préciser les conditions d’accès aux IFMK dès la rentrée de septembre 2021.
Une note du ministère de l’enseignement supérieur précisait alors : « Les conventions signées entre l’institut de formation en Masso-kinésithérapie (IFMK) et l’université partenaire précisent le nombre de places ouvertes aux étudiants issus des différents parcours de formation. Ceux issus du Pass ne peuvent excéder 50% du nombre de places autorisées par institut de formation ». D’un autre côté, la précipitation avait conduit à quelques erreurs (corrigées depuis). Ainsi, toutes les licences STAPS ou encore les parcours LAS ne permettaient pas d’intégrer le cursus pour devenir masseur-kinésithérapeute.
Toujours est-il, que cette évolution n’a pas atteint ses objectifs. Certes, les critiques sont nombreuses venant des futurs professionnels de santé et des universités. Mais c’est également l’avis de la Cour des Comptes. L’institution a publié un rapport sur le sujet en décembre dernier : “L’accès aux études de santé : quatre ans après la réforme, une simplification indispensable“. Le rapport dresse un bilan mitigé des évolutions, qui ne serait pas parvenues à leurs fins. Elle préconise même pour la « simplification de l’accès aux études de santé centrée sur l’étudiant, le développement territorial » le « déploiement d’une voie unique d’accès aux études » de santé. Le retour d’une PACES ? Les magistrats préconisent ainsi le retour d’une voie unique dès la rentrée de septembre 2026. L’inscription devrait ainsi être facilitée. Seront-ils entendus et suivis ? Voilà la question que peuvent se poser les futurs étudiants en IFMK.
Quelles sont les possibilités ?
Avant de devenir kiné, l’étudiant dispose donc aujourd’hui de plusieurs possibilités pour envisager l’inscription en école de kinésithérapie. Pourtant, les plus hauts magistrats de France confortent les remarques des professionnels. Ils soulignent qu’une seule possibilité d’inscription en établissement de formation serait à privilégier. Revoir cette phase d’admission n’impliquerait pas une refonte du programme de formation kiné en lui-même (exigences, stage, pratique, …).