Ces dernières années, de plus en plus de kinés s’émancipent des séances conventionnées pour des séances individuelles et personnalisées auprès des sportifs, de haut-niveau ou pas. Une formidable opportunité permettant de découvrir une autre pratique de la kinésithérapie, en transformant sa pratique en activité passionnante, stimulante et également rentable financièrement. Décryptage d’une stratégie qui cartonne.
La kinésithérapie et le sport, c’est une vieille histoire d’amour. De la table de massage posée à la va-vite dans un vestiaire d’un club de D2 ou bien le staff médical dernier cri de Victor Wembanyama, la kinésithérapie est toujours présente, là où l’effort physique est important. Autrement dit, pas de Coupe du monde, ni de Tour de France ou encore de Jeux Olympiques sans les kinés. Une évidence que plus personne ne remet en cause, pas même le plus borné des préparateurs physiques old-school.
Néanmoins, dans les cabinets généralistes, la kinésithérapie sportive est souvent réduite à une pratique secondaire, cantonnée à soigner l’entorse du joggeur du dimanche ou une petite lombalgie de ce cadre dans le tertiaire qui s’est découvert une nouvelle passion pour le paddle.
Or, la kinésithérapie du sport, c’est bien plus que ça : c’est une pratique à part entière, codifiée, exigeante, passionnante, et de plus en plus valorisée. On ne naît pas « kiné du sport », on le devient. En France, plusieurs formations permettent aux kinésithérapeutes de se spécialiser, la première reste le Diplôme Universitaire « Kinésithérapie du Sport » (formation disponible à Nantes, Toulouse, Lyon et Paris), mais également le Certificat d’Études Spécialisées, ou encore le Master en Sciences du Sport pour les plus ambitieux. Certains kinés ajoutent même un DU en préparation physique ou en réathlétisation. Bref, la carte de visite se muscle, tout comme les quadriceps des patients.
Ces dernières années, la kinésithérapie du sport est en pleine expansion en France, et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon Kiné du sport, plus de 80 % des kinés généralistes en exercice déclarent avoir suivi une formation ou une spécialisation en kiné du sport. Si cette spécialisation est souvent « primaire », elle reste essentielle puisqu’environ 72% des Français déclarent pratiquer une activité sportive au moins une fois dans l’année, que ce soit trois marathons par an ou bien du ping-pong pendant une semaine au camping. Forcément, de plus en plus de cabinets diversifient leur offre, investissent dans du matériel plus poussé (tapis de course, analyse de la foulée, tests isocinétiques) et développent des partenariats avec clubs, associations ou ligues. La kinésithérapie du sport n’est plus une niche : c’est un véritable marché porteur, soutenu par l’essor du sport santé, de la prévention des blessures et du culte (parfois excessif) de la performance.
Pourquoi proposer du coaching personnalisé aux sportifs ?
Si la très grande majorité des kinés généralistes ont simplement les bases au niveau de la kinésithérapie du sport et proposent des soins « primaires » (si vous en faites parties, la suite de l’article ne risque de pas vous intéresser), d’autres choisissent de se spécialiser dans le sport. Bien qu’il soit très souvent difficile (mais pas impossible) d’intégrer des structures sportives professionnelles, comme c’est le cas de notre bon vieux Abdoulaye M’Baye, il est possible de s’orienter vers la kinésithérapie du sport individuelle : autrement dit, proposer des séances individuelles à des sportifs (de haut-niveau ou pas), afin d’améliorer leur performance et veiller à leur santé physique. Et détrompez-vous, en tant que kinésithérapeute, proposer du coaching sportif personnalisé, ce n’est pas seulement coller trois étirements après une séance de massage transversal profond. C’est un service à part entière, pensé, structuré, valorisé.
Mais avant de facturer un plan d’entraînement pour le prochain semi-marathon de Michel ou la préparation pré-saison d’un défenseur central de Ligue 2 qui revient de blessure, encore faut-il se bâtir une crédibilité. Et ça, ça prend du temps. Il est donc indispensable, avant toute chose, de maîtriser la kinésithérapie du sport sur le bout des doigts. Ensuite, vous devez être capable de vous constituer un réseau solide. Comment ? En faisant marcher les contacts (clubs, sportifs, médecins du sport, préparateurs physiques) si vous en avez ou bien sinon, en utilisant vos réseaux sociaux, en faisant marcher le bouche à oreille ou bien en se rendant à des compétitions sportives, des stages ou bien des conférences. Une chose est sûre, la demande est là.
En effet, si pendant de longues années, les sportifs se contentaient du staff médical de leur club respectif pour les sports collectifs ou de 2-3 préparateurs physiques pour les sports individuels, l’optimisation individuelle est devenue prépondérante dans le monde du sport, avec des sportifs qui cherchent donc à optimiser leur faculté physique en travaillant encore plus sur des séances personnalisées, notamment au niveau de la kinésithérapie. Un Novak Djokovic voyage toujours avec son kiné, son nutritionniste, son ostéo, et même son prof de yoga, les footballeurs de Ligue 1 et Ligue 2 sollicitent de plus en plus des séances individuelles en parallèle des séances proposées par leurs différents clubs. L’objectif ? Optimiser la récupération, prévenir les blessures ou revenir plus vite après une déchirure sournoise et travailler sur la performance. De nouveaux patients avec des objectifs et des exercices bien différents mais qui sont une formidable opportunité, notamment financière.
Le nerf de la guerre : un levier financier stratégique
Bien évidemment, au niveau financier, le coaching sportif personnalisé est également une formidable opportunité, on ne va pas se mentir. D’abord, le modèle de remboursement classique de la kiné plafonne vite : honoraires conventionnés, actes à tarif fixé, contraintes administratives lourdes. Autrement dit, difficile de faire exploser son CA en empilant les séances à 16,13 € l’unité remboursées par l’Assurance Maladie.
De son côté, la kinésithérapie individuelle échappe à cette logique conventionnée. Il s’inscrit dans le champ du « hors nomenclature », traduction : liberté tarifaire. Un suivi personnalisé peut se vendre sous forme de forfaits mensuels ou trimestriels, de packs premium, voire de programmes annuels. Il est donc possible de proposer une séance classique de 30 minutes pour 30 €, ou bien une séance personnalisée à 140 €/heure, et des forfaits premium de 400€, incluant des bilans, un suivi, un plan d’entraînement sur-mesure et des réajustements hebdomadaires.
Bien évidemment, ces chiffres peuvent varier en fonction de la région/pays dans lequel vous vous trouvez, votre niveau de spécialisation et surtout, le niveau du sportif. S’occuper de Ousmane Dembélé rapporte plus que de s’occuper du 479e joueur mondial ATP. Mais si vous parvenez à travailler avec 5 à 10 sportifs de haut niveau, il est tout à fait possible de dégager un chiffre d’affaires mensuel de 4000 €, et tout ça, sans alourdir son planning de soins conventionnés déjà saturé. Mieux : ces forfaits fidélisent la clientèle. Un joueur amateur qui vise un marathon ne va pas changer de kiné-coach tous les mois. Résultat : des revenus récurrents.
Cerise sur le rouleau de tape : proposer du coaching sportif individualisé pour un kinésithérapeute vient renforcer l’image « expert haut de gamme ». C’est un différenciateur puissant, notamment face à la concurrence des coachs sportifs généralistes ou des préparateurs physiques auto-proclamés. Ici, c’est le savoir-faire du kiné qui fait la différence : connaissance fine de l’anatomie, prévention des blessures, récupération adaptée.
Le coaching, un sésame pour travailler uniquement avec des sportifs
Cette stratégie permet à de plus en plus de kinés de faire basculer leur activité : moins de séances à la chaîne sur ordonnance, plus de temps passé avec des sportifs motivés, investis et enclins à payer pour des résultats tangibles. Certains bâtissent ainsi un réseau impressionnant : footballeurs pros, basketteurs , nageurs en équipe de France, triathlètes de l’extrême, sprinteurs en reconversion. Une clientèle qui apprécie l’accompagnement individualisé et en parle autour d’elle. De quoi remplir son agenda sans passer par Doctolib.
Et pour ceux qui aiment varier les plaisirs, le coaching sportif personnalisé peut s’étendre : séjours sportifs, stages de pré-saison, interventions dans des centres de performance ou des académies. Autant de formats premium facturés au forfait. Pour le kiné, c’est une opportunité unique de mixer pratique de terrain, transmission et diversification de revenus, tout en restant dans son domaine d’expertise.
Conclusion : de la table de massage au carnet d’adresses VIP
Proposer du coaching sportif personnalisé, c’est bien plus qu’un simple « plus » sur une plaquette. C’est une réinvention de son modèle économique, un moyen de sortir du cadre rigide du soin remboursé et de bâtir un cabinet qui tourne avec ou sans entorse bénigne du petit dernier. Alors oui, ça demande du temps, de la formation, un carnet d’adresses qui fleure bon la sueur et les vestiaires.
Mais à la clé ? Une pratique plus gratifiante, une image d’expert du sport et un compte en banque qui ne souffre plus des plafonds imposés. Finalement, qu’on soit passionné de ballon rond, de crossfit ou de tennis, une chose est sûre : la kinésithérapie du sport n’a jamais eu autant de potentiel. À chacun de décider s’il veut rester le kiné du cabinet de quartier ou devenir le partenaire incontournable de ceux qui visent le podium. Et vous, vous coacheriez qui ?