Interview kiné : Abdoulaye M’Baye, ancien basketteur professionnel

interview kiné
Published by 2 mai 2025

Ancien international français de basket, Abdoulaye M’Baye est désormais kinésithérapeute à Rezé, en banlieue de Nantes. Une reconversion réussie pour l’ancien joueur de la JDA Dijon qui s’est confié à Topaze sur son parcours atypique et inspirant. Découvrez l’interview complète de ce kiné.

 

Pendant plus de 15 ans, Adboulaye M’Baye a enflammé les parquets de Pro A. De Dijon à Strasbourg, en passant par Gravelines-Dunkerque, Rouen, Nancy, Fos ou encore Poitiers, le meneur de jeu a côtoyé les sommets du basket français, goûtant même à l’Équipe de France en 2011. L’ancien arrière, meilleur marqueur français de Pro A lors de la saison 2008-2009 avec la JDA Dijon, a depuis mis au placard sa paire de basket pour les tables de soin. 

Après une carrière riche et réussie, le trentenaire est devenu kinésithérapeute dans la région de Nantes. Mais le basket n’est jamais bien loin, lui qui jongle entre une activité en cabinet et au sein d’une équipe professionnelle de sport, en l’occurrence L’Hermine de Nantes, club de basket ligérien évoluant en Pro B (deuxième division). 

 

Pourquoi ce choix de devenir kinésithérapeute à la fin de sa carrière ?

 

À la base, avant même de débuter ma carrière professionnelle, j’étais à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, NDLR). En parallèle du basket, j’ai eu alors la possibilité de faire une première année de STAPS qui a fait office de prépa kiné. J’avais choisi ce cursus-là avant même de devenir basketteur professionnel ce qui m’a permis d’avoir quelques bases même si, une fois que je suis devenu basketteur professionnel, j’ai dû mettre ça de côté. Mais la kinésithérapie était déjà une profession qui m’attirait à l’époque. 

 

À ce moment-là, à l’INSEP, tu as eu l’occasion de passer des diplômes ? 

 

J’ai passé mon Bac S à l’INSEP où j’ai ensuite pu valider ma première année de licence STAPS qui a ensuite été nécessaire lorsque j’ai entamé ma reconversion en école de kiné. 

 

Est-ce que le fait de côtoyer au quotidien des kinésithérapeutes en tant que basketteur t’as encore plus fait aimer cette profession ?

 

Bien évidemment ! Au-delà de l’aspect purement médical et de l’importance des kinés dans une équipe de sport professionnel, ce qui m’a vraiment plu, c’est le rapport qu’ils avaient avec les joueurs. Je sais que si je recroise des kinés que j’ai dans ma carrière, ce sera toujours un plaisir de discuter avec eux. L’aspect relationnel m’a énormément plu dans la profession. En tant que kiné du sport, tu as la chance d’être dans le monde du sport et surtout d’avoir une relation privilégiée avec des sportifs. 

 

Dans une structure sportive, le kinésithérapeute n’est pas seulement un spécialiste des muscles, des articulations et des nerfs, mais joue aussi un rôle de confident pour les joueurs ?

 

C’est sûr, même avec un patient classique, on va dire, il y a une relation de confiance qui se crée. Les patients comptent sur nous, c’est important d’avoir la meilleure alliance thérapeutique, et encore plus dans le monde du sport. Les sportifs vont nous exprimer certaines choses qu’ils ne pourraient pas forcément dire à leur coach ou à leurs coéquipiers. 

 

Avant même de devenir basketteur professionnel, tu savais déjà ce que tu allais faire à la fin de ta carrière ?

 

La kinésithérapie m’attirait, j’avais envie d’explorer ce domaine et d’en apprendre plus. Du fait de mon parcours en tant que basketteur, j’ai été sensibilisé très jeune sur ce qui concerne la récupération, la rééducation. On avait déjà un lien avec la kinésithérapie très jeune.  

 

Comment s’est passée ta reconversion ? 

 

C’est quelque chose que j’ai entamé avant même la fin de ma carrière, je jouais encore au Poitiers Basket. Ma reconversion s’est faite par l’intermédiaire de mon kiné au Fos Provence Basket (2017-2019), Mr Hervé Gozzi. Il m’a fait part, qu’en tant que sportif de haut niveau, on avait la possibilité d’avoir un accès simplifié pour entrer en IFMK (Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie). Je me suis alors renseigné sur les démarches à suivre, j’ai contacté la Fédé de basket et j’ai ensuite été éligible à passer la formation. Je ne me suis pas trop posé de questions, c’était une formidable opportunité de reconversion. 

 

Justement, tu as commencé ta formation alors que tu étais encore basketteur professionnel. Ce n’était pas trop dur ? 

 

C’était le deal pour que je signe avec le Poitiers Basket. J’ai été à ce moment-là accepté à l’école de kiné de Nantes, je jonglais alors entre la formation à Nantes et mon activité de basketteur professionnel.

 

Comment tu jonglais ?

 

Ça a été un peu particulier parce que le Covid est vite arrivé. J’allais à l’école en début de semaine sur Nantes, un jour par semaine et ensuite, j’enchaînais sur ma semaine d’entraînement. Sur cet aspect-là, le club de Poitiers a été très conciliant, l’école aussi. Ça s’est super bien passé honnêtement. 

 

Tu as ensuite été diplômé en juillet 2024. Raconte-nous ces cinq années de formation. 

 

En tant que sportif de haut niveau, on peut bénéficier d’un aménagement au niveau de notre formation. Par exemple, la durée normale en institut est de quatre ans, mais ce que je fais lors de ma première année, c’est que j’ai divisé ma formation en deux pour avoir un volume horaire et un volume de travail moins important pour ainsi pouvoir concilier avec ma carrière de basketteur pro. La première année de formation, je l’ai passé en deux ans. C’est ensuite, en 2021, que je me suis installé sur Nantes pour passer la formation normalement. 

 

On dit souvent que l’après-carrière peut être très difficile pour les sportifs de haut niveau, certains tombent même en dépression. Cette reconversion t’a aidé à passer cette étape de façon plus simple ? 

 

Très clairement ! On passe à jouer des matchs tous les 3-4 jours, on joue dans des grandes salles, on côtoie tous les jours un groupe et un collectif et d’un coup, tout ça n’existe plus, ce qui peut être très difficile à vivre. Mais à partir du moment que l’on a trouvé une reconversion, qu’on a un objectif, en l’occurrence pour moi de devenir kiné, ça devient plus simple. Le plus dur pour un sportif de haut niveau à la fin de sa carrière, c’est de trouver quelque chose à faire qui nous passionne vraiment. Et ce n’est vraiment pas simple, un sportif a souvent fait que ça dans sa vie, ce n’est pas évident de trouver autre chose. 

 

Depuis ton diplôme obtenu en juillet 2024, tu jongles entre kiné en cabinet et kiné de L’Hermine de Nantes (Pro B). Comment ça se passe ?

 

J’étais déjà avec L’Hermine de Nantes en stage depuis deux ans ce qui m’a permis de me familiariser avec le club et de prendre mes habitudes. Ça se passe super bien franchement, avoir ces « deux activités » qui sont assez différentes me permet de travailler sur des profils variés. D’un point de vue logistique et organisationnel, mon cabinet est à six minutes en voiture de la salle ce qui facilite mon quotidien. Jongler entre les deux activités, c’est très enrichissant : c’est le même métier, mais on touche à des choses tellement différentes, un sportif, on va être beaucoup plus dans la rééducation avec un objectif de le remettre sur pied plus rapidement. En cabinet, ce que j’aime particulièrement, c’est que l’on prend plus le temps. Les pratiques sont différentes en fonction du patient mais elles sont complémentaires. On fait deux métiers en un, c’est vraiment cool !

 

Deux métiers en un, c’est-à-dire ? 

 

Il y a des différences entre la kinésithérapie « sportive » et celle de cabinet si je peux dire. Je trouve que dans la kinésithérapie de cabinet, on n’a pas une obligation immédiate de résultat, ce qui nous permet de prendre plus de temps. Au contraire, pour le sportif, il vient sur la table et faut que cette séance lui apporte quelque chose directement. Avec les sportifs, c’est beaucoup plus manuel, ils montent beaucoup plus sur table, beaucoup plus de massages. En tant que jeune kiné, je me familiarise encore avec le métier, aux différentes méthodes, mais c’est vraiment très enrichissant. 

 

En devenant kiné de L’Hermine de Nantes, tu avais envie d’être toujours connecté au monde du basket ? 

 

C’est une volonté personnelle. Le basket est mon amour de toujours, le sport que j’ai pratiqué toute ma vie ou presque. Au-delà de l’aspect affectif, c’est un milieu que je connais très bien et j’avais envie de partager mon expérience en tant qu’ancien basketteur professionnel et désormais également en tant que kiné. 

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la kinésithérapie ? 

 

En premier lieu, c’est surtout le contact humain, de pouvoir aider les gens, aussi bien des personnes sportives que non. Je ne vois pas de différence entre aider un sportif à revenir sur les terrains ou bien faciliter le quotidien d’une personne. 

 

Tu préfères désormais la table de soin ou le ballon orange ? 

 

Le ballon orange quand même (rires), même si je pratique plus le basket, voir des entraînements quotidiennement et être toujours dans le milieu, la passion est toujours aussi forte. C’est vraiment un privilège d’allier son métier et sa passion. 

 

Abdoulaye M’Baye futur kinésithérapeute de l’Équipe de France de basket ? 

 

Écoute, on espère (rires). Ce n’est pas la priorité à l’heure actuelle, mais c’est le but ultime. Déjà, intégrer les équipes de France jeunes, c’est un objectif que j’ai sur le court terme et on verra par la suite. En-tout-cas, j’ai toujours envie de rester au contact du basket le plus possible. 

Soyez le premier à laisser un commentaire sur "Interview kiné : Abdoulaye M’Baye, ancien basketteur professionnel"

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.