Comprendre les arrêts de travail quand on est kinésithérapeute libéral
Quand on exerce en profession libérale, un arrêt de travail ne se gère pas comme dans le salariat. Pas de congés maladie ni de maintien automatique du revenu par mois : c’est au kiné libéral de comprendre ses droits, d’anticiper ses charges et d’activer les bons leviers d’indemnisation.
Or, une maladie, un accident ou une incapacité peuvent survenir à tout moment, et chaque jour sans activité se traduit souvent par une perte financière directe.
La bonne nouvelle ? Les kinés libéraux bénéficient aujourd’hui d’un système de protection sociale plus complet qu’il y a quelques années, notamment grâce à l’introduction des indemnités journalières par la CPAM et la CARPIMKO. À condition, bien sûr, d’en connaître les règles, les délais et les démarches précises. Zoom sur ces informations essentielles avec Topaze.
Quelles sont les indemnités journalières disponibles pour un kiné libéral ?
Les indemnités de la CPAM : comment fonctionnent-elles ?
Depuis 2021, la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) verse des indemnités journalières aux professionnels libéraux de santé en cas d’arrêt de travail. Pour un kinésithérapeute, cette mesure représente une vraie bouffée d’oxygène : elle compense partiellement la perte de revenu pendant la période d’incapacité.
Quelles sont les conditions à remplir ?
- Être affilié à la CPAM depuis au moins un an ;
- Être à jour de ses cotisations sociales ;
- Avoir bien cessé toute activité professionnelle pendant l’arrêt ;
- Disposer d’un arrêt maladie prescrit par un médecin.
Rappel utile : le délai de carence est de 3 jours, puis les indemnités journalières sont versées à partir du 4ᵉ jour pour une durée de 87 jours consécutifs, soit un arrêt de travail total de 90 jours.
Le montant est calculé sur la base de 1/730ᵉ du revenu annuel moyen des trois dernières années, dans la limite de 3 fois le montant du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) (soit environ 145 € par jour maximum en 2025). Cela veut dire que même si votre revenu d’activité annuel moyen est supérieur à ce plafond, votre indemnité journalière ne pourra pas excéder le montant maximum
Bon à savoir : le PASS augmente de 2% au 1er janvier 2026 ! Le plafond annuel s’élèvera à 48 060 € (contre 47 100 € en 2025) et le plafond mensuel à 4 005 € (contre 3 925 € en 2025).
Le relais de la CARPIMKO après 90 jours d’arrêt
Si la maladie se prolonge au-delà de 90 jours, c’est la CARPIMKO, la caisse de retraite et de prévoyance des professions libérales paramédicales dont dépendent les kinés, qui prend le relais. Elle verse à son tour une indemnité journalière jusqu’à la reprise d’activité ou la mise en invalidité.
Les montants varient selon le cas et la durée de l’arrêt. La CARPIMKO verse environ 55,44€ / jour par jour, selon les revenus déclarés et les cotisations acquittées, avec des majorations possibles, par exemple en cas de descendant à charge (8,06 €/jour) et de tierce personne à charge (20,16 €/jour).
Ces prestations peuvent être complétées par un contrat de prévoyance privé, destiné à renforcer la protection sociale du professionnel.
Comment limiter la perte de revenus pendant un arrêt de travail ?
Anticiper avec un contrat de prévoyance solide
L’un des meilleurs réflexes pour un kinésithérapeute libéral, c’est de souscrire un contrat de prévoyance. Cette assurance spécifique vous verse une indemnité supplémentaire en cas d’arrêt de travail, souvent dès le premier jour, sans attendre le délai de carence de la CPAM.
Selon le montant choisi dans le contrat, la prévoyance peut couvrir :
- votre revenu professionnel pendant la durée de l’arrêt ;
- vos charges fixes (loyer, logiciel de facturation, prêt pro, etc.) ;
- un complément de revenu journalier jusqu’à la reprise d’activité.
Il est donc essentiel de comparer les offres : certaines prennent en charge jusqu’à 100 % du revenu net après quelques jours d’incapacité, d’autres appliquent un pourcentage plus faible mais sur une durée plus longue.
Maintenir un équilibre professionnel et social
Un arrêt de travail ne signifie pas rupture totale avec votre profession. Préparer son remplaçant, informer ses patients et sécuriser son activité sont des étapes indispensables pour éviter une perte durable de revenus.
En parallèle, garder le contact avec vos confrères et votre caisse permet d’obtenir des aides supplémentaires :
- reports de cotisations sociales ;
- allégements de charges temporaires ;
- accompagnement au retour à l’activité.
La solidarité professionnelle est aussi un pilier : certains kinésithérapeutes libéraux mutualisent leurs remplacements pour se soutenir en cas d’incapacité.
Quelles démarches administratives suivre en cas d’arrêt de travail ?
Déclarer son arrêt de travail : mode d’emploi
- Consultez un médecin qui établira un certificat d’arrêt de travail.
- Envoyez les deux premiers volets à votre CPAM dans un délai de 48 heures.
- Gardez le troisième volet pour vos archives.
- Prévenez la CARPIMKO dès le début de l’arrêt, surtout si la durée risque d’excéder 90 jours.
- Informez votre assurance prévoyance, si vous avez un contrat actif.
L’absence de déclaration dans les temps peut retarder le versement des indemnités journalières. Il est donc essentiel d’être réactif et de bien suivre les procédures auprès de chaque caisse.
Gérer les formalités et les cotisations sociales
Pendant la période d’arrêt, certaines cotisations peuvent être suspendues ou ajustées pour vous laisser de quoi maintenir votre niveau de vie et ne pas grever votre trésorerie. La CARPIMKO, par exemple, peut accorder des exonérations temporaires pour les professionnels en incapacité prolongée.
Conseil pratique : tenez à jour un dossier administratif complet (copies d’arrêts, courriers, échanges avec la caisse, relevés de revenus). Cela facilite les communications et accélère l’indemnisation.
Comment se protéger durablement face au risque d’incapacité ?
Choisir une prévoyance adaptée à sa profession
Tous les kinésithérapeutes libéraux ne sont pas égaux face à l’incapacité : selon votre âge, votre activité et vos charges, les besoins de couverture varient. Un bon contrat de prévoyance doit donc être taillé sur mesure, en intégrant :
- la durée du délai de carence ;
- le montant journalier versé ;
- la durée maximale d’indemnisation ;
- la prise en charge des charges professionnelles ;
- les options liées à l’invalidité ou à la retraite anticipée.
Certains contrats incluent aussi une assurance santé complémentaire ou des aides sociales spécifiques aux professions libérales, ce qui renforce la sécurité globale.
Anticiper les impacts sur la retraite et la carrière
Les arrêts de travail répétés peuvent impacter vos droits à la retraite. La CARPIMKO continue certes de valider des trimestres, mais souvent avec un pourcentage réduit selon la durée d’incapacité. Pour compenser, de nombreux kinésithérapeutes choisissent :
- une épargne retraite complémentaire (PER individuel) ;
- une assurance vie dédiée aux libéraux ;
- un contrat de prévoyance intégrant une rente d’invalidité.
Ces dispositifs permettent de sécuriser le revenu et de stabiliser la caisse de retraite, même en cas de long arrêt.
Le bon réflexe Topaze : simuler régulièrement vos revenus, vos charges annuelles et vos cotisations pour vérifier que votre prévoyance reste adaptée à votre activité réelle.
Conclusion : Les bons réflexes pour un kiné libéral face à un arrêt de travail
- Connaître vos droits à l’indemnisation auprès de la CPAM et de la CARPIMKO.
- Souscrire une prévoyance pour compléter les indemnités journalières.
- Anticiper les charges de votre cabinet libéral pendant la période d’arrêt.
- Déclarer dans les délais à votre caisse et à votre assurance.
- Préserver votre santé et votre équilibre professionnel et social.
Un arrêt de travail n’est jamais simple à gérer pour un kinésithérapeute libéral, mais bien anticipé, il ne met pas forcément en péril votre activité ni votre revenu. En combinant CPAM, CARPIMKO, prévoyance et une bonne organisation, vous transformez un imprévu médical en période de repos vraiment réparatrice, pour vous comme pour votre profession.
