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Kinés, comment bien sélectionner sa patientèle ?

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    Dans un métier où l’on passe d’un genou explosé à une rééducation post-AVC en un claquement de doigts, peut-on vraiment tout traiter avec la même expertise ? Entre déontologie, tentations de tri et spécialisation assumée, les kinés naviguent entre boussole morale et stratégie professionnelle.

    La kinésithérapie ressemble à un buffet à volonté. Rééducation post-opératoire, p’tits bobos sportifs, maux de dos chroniques, périnéale, pelvienne, respiratoire. On se surprend parfois à jongler entre toubibs, sportifs de haut niveau, nouveaux-nés têtus et mamies qui ne jurent que par le tango. Forcément, on ne peut pas être le Docteur House de chaque cas.

    Alors, au lieu de courir après toutes les catégories de patients, on finit par se spécialiser, par affiner son goût pour l’un ou l’autre domaine, par choisir son camp. Et c’est là que la question fuse. Sélectionner sa patientèle, c’est jouer le filou ou tout simplement trancher avec style et efficacité ? Autrement dit, comme bien choisir sa patientèle en tant que kinésithérapeute ? Heureusement pour vous, Topaze est là.

    La déontologie : un GPS moral obligatoire

    « Un kiné doit soigner avec conscience et dévouement et ne peut se soustraire à ses obligations sans motif sérieux ». Voici ce que dit l’article R. 4321-63 du Code de la santé publique — la boussole de déontologie du praticien. Se dessiner sa clientèle, oui, mais pas sur des critères rédhibitoires. Pas de tri social, originaux, religieux, sexuels ou basés sur un handicap. Sinon, gare à l’éthique.

    Si pour les personnes normalement constituées et avec un cerveau un minimum fonctionnel, les discriminations telles que le racisme, l’homophobie, le sexisme pour ne citer qu’eux sont des concepts incompréhensibles, ils sont encore bien présents en France, et le secteur médical n’en est pas immunisé. En effet, en mai dernier, le Défenseur des droits – autorité administrative indépendante qui a comme mission « de défendre les personnes dont les droits ne sont pas respectés et permettre l’égalité de tous » comme est rappelé sur son internet, notamment face aux administrations françaises – a publié un rapport alarmant sur les administrations médicales. Selon ce rapport, ce ne sont pas moins de 224 plaintes qui ont été déposées devant les ordres professionnels et l’Assurance maladie par des patients en 2022 pour des motifs discriminatoires.

    Toujours en 2022, le Défenseur des droits a reçu 31 réclamations concernant un refus de soins discriminatoire. Il insiste « principalement en raison de la particulière vulnérabilité économique et/ou de la nationalité » des patients, et, « dans une moindre mesure, de l’état de santé du patient », souligne le rapport. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg. En effet, plus de 1 500 témoignages ont été récoltés fin 2024. Ils dénoncent aussi des délais plus longs, des réorientations abusives ou des stigmatisations subtiles.

    On le sait : choisir une patiente pour son origine, son orientation sexuelle, son sexe ou même pour d’autres motifs qui peuvent être la pauvreté, le lieu d’habitation ou l’apparence, parait pour la grande majorité des professionnels de santé impensable mais cela existe bel et bien encore en 2025. Discriminer, c’est proscrire une chance de soin. C’est atrophier la confiance dans la profession, et dégringoler dans la mauvaise foi. Moralité : déontologie au front, toujours. Amis kinésithérapeutes, à bon entendeur.

    Se spécialiser pour choisir sans trier

    Il existe un moyen élégant — et parfaitement légal — de façonner sa patientèle : la spécialisation. C’est un peu l’art d’ouvrir la porte à ceux qui ont précisément besoin de vous, sans en fermer arbitrairement à d’autres. Car, en tant que kinésithérapeute libéral, on peut passer d’une entorse de footballeur amateur à une rééducation post-AVC. Les exercices et la pratique ne sont pas les mêmes. Il est donc illusoire de tout maîtriser de son activité avec un niveau d’excellence identique, même lorsqu’on est le meilleur kinésithérapeute de la région. La spécialisation agit donc comme un filtre naturel. Elle est censée attirer des patients dont les besoins correspondent à votre expertise, et écarter ceux qui relèvent davantage du cabinet d’un confrère.

    En France, les champs de spécialisation sont nombreux et parfois méconnus du grand public. La kinésithérapie sportive, par exemple, s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux amateurs. Elle représente un marché colossal. Selon l’INJEP, près de 65 % des Français pratiquent une activité sportive régulière. Ainsi, blessures liées à ces pratiques sont en constante augmentation. À l’opposé du spectre, la kinésithérapie pédiatrique se concentre sur le développement moteur, les troubles orthopédiques ou neurologiques de l’enfant, avec une approche tout aussi pointue.

    Entre les deux, on retrouve des domaines comme la kinésithérapie neurologique (AVC, sclérose en plaques, traumatismes crâniens), la rééducation périnéale et pelvienne — en forte demande depuis que la parole sur la santé intime des femmes s’est libérée — ou encore la kinésithérapie respiratoire, qui reste indispensable pour les patients atteints de BPCO ou de mucoviscidose.

    Une multiplication des spécialisations

    D’autres niches existent : rééducation vestibulaire pour les troubles de l’équilibre, drainage lymphatique manuel, rééducation de la main, réathlétisation après blessure grave, ou encore prise en charge post-cancer, notamment après mastectomie.

    Les avantages à se spécialiser ne sont pas que intellectuels et médicaux. Sur le plan économique, les chiffres parlent. Selon l’URPS et plusieurs études sectorielles, les kinésithérapeutes en exercice ayant développé une spécialisation affichent un revenu moyen supérieur de 15 à 25 % à celui de leurs confrères généralistes. S’y ajoute une patientèle plus fidèle, qui revient volontiers pour un suivi régulier et recommande le praticien à son entourage. La visibilité professionnelle est aussi accrue.

    Intervenir en tant qu’expert dans un domaine précis ouvre des opportunités de conférences, de collaborations en structures spécialisées, voire de missions auprès d’équipes sportives ou de centres hospitaliers. Bien évidemment, une spécialisation – en tant que kiné libéral – nécessite du temps et des compétences.

    Pour conclure

    Enfin, la spécialisation permet de travailler avec plus de passion. Un kiné qui consacre la majorité de ses journées à un domaine qui le stimule garde un niveau d’engagement élevé. Ce qui bénéficie directement au patient. Et contrairement à la sélection arbitraire, ce type de choix de patientèle se justifie uniquement par des critères médicaux, répond à un besoin réel de santé publique, et s’inscrit parfaitement dans le cadre déontologique. Autrement dit : on ne trie pas, on affine. Et ça change tout.

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