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Concurrence et concurrence déloyale chez les kinés libéraux !

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    La kinésithérapie en France connaît une importante croissance avec un nombre de praticiens qui ne cessent d’augmenter ces dernières années. Cette expansion attire, stimule et dynamise le secteur. Toutefois, elle entraîne aussi une concurrence accrue. Souvent saine et loyale, cette compétition peut parfois basculer dans des pratiques moins recommandables. Ainsi, la frontière entre confraternité et rivalité devient floue.

    En 2025, la kinésithérapie est plus que jamais une profession de masse. Selon les chiffres de l’Ordre, la France compte désormais environ 109 000 masseurs-kinésithérapeutes inscrits. Une immense majorité exerce en libéral ou en exercice mixte. Rapporté à la population, cela représente environ 154 kinés pour 100 000 habitants. À titre de comparaison, ce chiffre a connu une hausse de 20% en comparaison à 2020 (90 135 environ). Plus que jamais, la kinésithérapie attire de plus en plus de nouveaux.

    Cette hausse du nombre de kinés en France n’est pas isolée des autres professions paramédicales. En effet, à titre d’exemple, les orthophonistes dépassent les 30 000 praticiens. Les ostéopathes sont plus de 40 000, tandis que les médecins stagnent à 233 000, avec une répartition déséquilibrée qui accentue les tensions sur le terrain. Bref, la kinésithérapie est devenue l’une des professions les plus visibles du paysage médical français.

     

    Problème : quand les praticiens se multiplient, les patients ne suivent pas forcément au même rythme.

     

    Résultat, dans les grandes villes – Paris, Lyon, Marseille ou Nantes – la concurrence fait rage. Ouvrir un cabinet à deux pas d’une salle de sport huppée ou d’une maison de santé flambant neuve, c’est souvent constater que trois confrères s’y sont déjà installés. On assiste alors à une compétition silencieuse, parfois saine, parfois moins. La question de la concurrence, et surtout de la frontière entre concurrence loyale et concurrence déloyale, prend donc une importance particulière. Jusqu’où peut-on se battre pour attirer des patients sans franchir la ligne rouge ? Heureusement, Topaze est là pour vous éclairer.

     

    La concurrence loyale, ou l’art de cohabiter

     

    En théorie, la concurrence loyale, c’est celle qui anime toute profession libérale : chacun a le droit de s’installer, de proposer ses services, de se spécialiser, et c’est aux patients de choisir leur professionnel de santé le plus adapté à leurs besoins. Rien de plus normal, rien de plus sain. Mais en pratique, dans certaines zones, la multiplication des kinés rend la compétition de plus en plus tendue.

    Les grandes agglomérations concentrent l’essentiel du problème. À Paris, on compte parfois plus de 250 kinés pour 100 000 habitants, un chiffre qui dépasse largement la moyenne nationale. Même constat à Montpellier ou à Toulouse, où les jeunes diplômés affluent. Le métier attire, les promotions sortent des écoles à un rythme soutenu, et chacun cherche à se faire une place. Mais quand tout le monde veut soigner la même population, la part de gâteau devient forcément plus fine.

     

    À cela s’ajoute la question des spécialités.

     

    Car la kinésithérapie n’est pas monolithique : rééducation sportive, kinésithérapie respiratoire, pédiatrique, gériatrique, pelvi-périnéologie, techniques manuelles, sans oublier la balnéothérapie et les approches plus innovantes comme la cryothérapie. Chacun tente de se démarquer. Mais là encore, la concurrence se déplace : dans les quartiers jeunes et sportifs, c’est la bataille pour les patients adeptes de running ou de crossfit, tandis que proche des zones dites pavillonnaires où, on ne va pas se mentir, la population se veut plus âgée, c’est la course à la rééducation fonctionnelle et aux troubles musculo-squelettiques.

    Alors, forcément, plus il y a de kinés, plus la concurrence devient importante, visible et parfois difficile à supporter. La compétition loyale entre confrères est devenue une réalité du quotidien, faite de positionnement stratégique, de choix d’installation, et de spécialisation intelligente. Jusqu’ici, rien d’illégal : chacun joue ses cartes, chacun essaie de tirer son épingle du jeu. Mais cette ligne, entre loyauté et déloyauté, est parfois ténue.

     

    La frontière fragile de la concurrence déloyale

     

    La concurrence déloyale, par définition, commence quand un kiné ne se contente plus de jouer le jeu normal de l’offre et de la demande, mais adopte des pratiques contraires aux règles, à la loi ou aux usages. Le Code de la santé publique est clair : toute attitude visant à détourner illégalement la patientèle d’un confrère est interdite. Cela peut prendre des formes multiples : publicité commerciale interdite, détournement de clientèle lors d’un remplacement, non-respect d’une clause contractuelle, voire installation stratégique dans le but manifeste de nuire. Contrairement aux ostéopathes ou aux coachs sportifs, pour ne citer qu’eux, les kinés sont soumis à une interdiction stricte de publicité commerciale. Une plaque professionnelle sobre, une signalétique discrète, un site internet informatif : voilà ce qui est autorisé. Les slogans accrocheurs, les enseignes lumineuses ou les campagnes promotionnelles sont proscrits. L’usage excessif de réseaux sociaux pour « vendre » son cabinet peut aussi tomber sous le coup de cette interdiction. Bref, l’image marketing façon start-up n’est pas vraiment compatible avec l’éthique de la kinésithérapie.

     

    Plusieurs textes encadrent ces situations.

     

    Les articles R.4321-99 et R.4321-100 du Code de la santé publique rappellent les obligations de confraternité et de loyauté. L’article R.4321-130, très spécifique, « interdit à un remplaçant ayant assuré au moins trois mois de remplacement (consécutifs ou non) de s’installer dans un cabinet concurrent direct pendant deux ans, sauf accord express notifié au conseil départemental. » Le but est simple : protéger le titulaire contre un détournement immédiat de sa patientèle par celui qui l’a remplacé.

    La question du remplacement illustre bien cette frontière fragile. D’un côté, il s’agit d’un système indispensable pour permettre à un kiné de partir en congés ou en arrêt maladie. De l’autre, il ouvre la porte à des tensions, car le remplaçant découvre la patientèle, la connaît, et pourrait être tenté de s’installer à proximité. Le législateur a donc verrouillé la situation, mais les litiges sont nombreux.

     

    À côté de ces règles légales, les contrats de collaboration ou d’assistanat prévoient souvent des clauses de non-concurrence.

     

    Ces clauses doivent être limitées dans le temps et dans l’espace, proportionnées aux intérêts à protéger. Surtout, elles doivent être rédigées noir sur blanc : pas de clause implicite. La jurisprudence est sévère sur ce point. En 2022, la chambre disciplinaire de l’Ordre des kinés a d’ailleurs annulé une clause de non-concurrence jugée disproportionnée : sa durée excédait largement ce qui était acceptable pour protéger le titulaire. Une piqûre de rappel utile pour ceux qui auraient la tentation d’abuser.

    Certains exemples concrets permettent de comprendre à quel point la notion de concurrence déloyale peut déborder du cadre strictement kiné. Ainsi, l’affaire des « ostéopathes dénoncés par des kinés pour concurrence déloyale » illustre la confusion entre actes remboursés et non remboursés, ou entre pratiques réglementées et non. Les frontières entre disciplines sont poreuses, et la bataille pour la légitimité thérapeutique devient parfois judiciaire.

    Au fond, la concurrence déloyale n’est pas une simple question de règles, mais de climat professionnel. Les kinés savent que la densité de praticiens augmente, que la bataille pour la patientèle est réelle, mais ils savent aussi qu’une profession divisée et marquée par des coups bas se fragilise. La ligne rouge existe pour protéger tout le monde : les praticiens, les patients, et la réputation collective de la kinésithérapie.

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