Les kinés libéraux doivent-ils s’attendre à un durcissement de la concurrence ?

Publié par 13 novembre 2018

Depuis plusieurs semaines, les kinés libéraux sont en conflit avec les chiropracteurs. Mais ils doivent aussi faire face à un autre type de concurrence, celle des ostéopathes. La situation va-t-elle se clarifier ou se durcir ?

Quand la profession de kiné libéral s’ouvre à d’autres professionnels de santé

 

En France, le parcours de santé des patients est strictement encadré et organisé. La masso kinésithérapie en fait partie au même titre que les soins prodigués par les ostéopathes ou par les chiropracteurs. En théorie, chaque professionnel de santé a sa place. Dans la réalité, certaines de ses professions peuvent entrer en « conflit » avec d’autres. On a pu le constater, il y a quelques semaines, lorsque les kinés libéraux et hospitaliers se sont indignés de la modification des règles encadrant l’activité des chiropracteurs. Les masseurs kinésithérapeutes. Un arrêté du 15 mars 2018 donnait en effet le droit aux chiropracteurs, de réaliser une grande partie des actes, dévolus jusque-là aux masseurs kinésithérapeutes.

 

Alors que le Ministère de la Santé se défendait de vouloir remettre en cause la profession de kinésithérapeutes, les kinés libéraux s’interrogeaient en demandant quel intérêt avait le gouvernement à confier ces soins à une autre catégorie de professionnels. Les tensions se sont durcies entre les instances représentatives, et attestent d’une réalité au quotidien : la concurrence entre les kinés libéraux d’une part et les ostéopathes et autres chiropracteurs d’autre part.

Entre le kiné libéral, le chiropracteur et l’ostéopathe, comment choisir ?

 

En France, le masso-kinésithérapie existe depuis 1946, alors qu’il a fallu attendre 2002 pour que soit officiellement reconnu l’ostéopathie et la chiropraxie. Seule la masso-kinésithérapie est prise en charge par l’Assurance maladie. Les faits sont simples à priori, et on recense sur l’hexagone environ 90.000 kinés, 35.000 ostéopathes et 1400 chiropracteurs. Même si les 3 professions sont différentes, elles sont appelées à travailler en complémentarité dans certaines situations, comme le mal de dos par exemple. Si la masso kinésithérapie, l’ostéopathie et la chiropraxie connaissent tous un champ d’application et une formation spécifique, ces 3 disciplines peuvent néanmoins créer la confusion à l’esprit des patients.

 

Dans le parcours de santé, seule la consultation d’un kiné libéral peut donner lieu à remboursement par l’Assurance Maladie, alors que pour la chiropraxie et l’ostéopathie, le patient pourra seulement se renseigner auprès de sa mutuelle (elles sont de plus en plus nombreuses à proposer une prise en charge partielle de ces soins). Cela n’exclut en rien une certaine forme de concurrence, née de la confusion dans l’esprit des patients.

Le kiné libéral, le professionnel de santé permettant de s’inscrire dans le parcours de soin des patients

 

Cette concurrence n’est pas que sémantique, et un ostéopathe ne pourra pas, par exemple, s’installer dans une maison de santé, où exerce déjà un (ou plusieurs) kiné (s) libéral (aux). En effet, l’ostéopathe et le chiropracteur ne peuvent pas être considérés comme des professionnels médicaux ni même comme des auxiliaires médicaux. Récemment, à Châtres sur Cher, le conseil département de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes avait ainsi demandé à ce qu’un ostéopathe soit appelé à quitter la maison de santé, sous prétexte qu’un kiné libéral y exerçait. Pour s’en justifier, le conseil départemental de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes expliquait :

 

«  Nous n’avons rien contre les ostéopathes exclusifs, mais réunir dans les mêmes locaux des professionnels sans fondement scientifique et d’autres qui relèvent de la médecine et des sciences peut perturber les patients dans le choix des thérapies. »

 

De leur côté, les autorités régionales, en l’occurrence l’Agence Régionale de Santé Centre Val de Loire, soulignaient que cette situation (un ostéopathe ou un chiropracteur dans une maison de santé) n’était pas en soi illégale à condition « que sa participation soit explicitement indiquée dans le projet de santé ».  C’est donc une situation, qui sera appelée à se reproduire, tant que cette concurrence n’aura pas fait l’objet de clarification sur un plan légal. En attendant, les kinés libéraux, déjà sous tension depuis la reconnaissance injustifiée selon eux des droits accordés aux chiropracteurs, veulent défendre leur intérêt en faisant valoir la place spécifique, qu’ils occupent dans l’organisation du système de santé.

 

Selon vous, quelles seront les évolutions des règles encadrant les professions concernées ? Les kinés libéraux doivent-ils, selon vous, s’attendre à un durcissement de la concurrence à plus ou moins brève échéance ?

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