L’année écoulée n’a pas vraiment été celle du grand soulagement pour les kinés. Entre promesses reportées, réformes encore en rodage et conditions d’exercice de plus en plus serrées, la profession a avancé sans toujours savoir où elle allait. Alors que 2026 démarre, Topaze vous souhaite une bonne année et prend le temps de faire le bilan (calmement) sur celle écoulée.
Bonne année 2026 à toutes et à tous les kinés
À vous, surtout, masseurs-kinésithérapeutes, qui avez terminé 2025 avec l’impression tenace de travailler dans un épais brouillard. Une année floue, parfois frustrante, souvent fatigante. Entre des annonces de revalorisation reportées au dernier moment, des réformes promises mais encore expérimentales, et un système de soins qui peine à dire clairement ce qu’il attend de vous, difficile d’y voir clair. L’accès direct ? Oui, mais pas partout. Une meilleure reconnaissance ? En théorie. Une amélioration des conditions d’exercice ? À moyen terme, peut-être.
Chez Topaze, on sait que ce flou complique le quotidien des kinés qui est loin d’être idyllique. À notre échelle, on essaye chaque jour de vous accompagner dans votre activité avec des articles que l’on espère pertinents. Pour ce dernier article de l’année 2025, on vous propose donc un arrêt sur image : ce qu’il faut retenir de l’année écoulée, et ce qui pourrait (enfin) changer en 2026.
Ce que 2025 a vraiment raconté sur la kinésithérapie française
D’abord, les chiffres
En 2025, la profession continuera de grossir, mais pas partout ni de la même manière. Selon les données de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes, la France compte un peu plus de 109 000 kinés inscrits, dont environ 85 % exercent en libéral ou en activité mixte. La densité moyenne avoisine les 160 kinés pour 100 000 habitants, mais cette moyenne cache des écarts vertigineux entre métropoles très dotées et territoires ruraux ou ultramarins où l’accès aux soins reste compliqué. La profession se féminise encore, reste relativement jeune (âge moyen autour de 40 ans), et continue d’attirer, tout en peinant à répondre équitablement aux besoins de la population. Bref, il y a du monde sur la photo, mais pas toujours là où il faudrait.
Sur le terrain, en revanche, le sentiment dominant en 2025 n’est pas celui de l’abondance.
Le report de la revalorisation tarifaire prévue initialement pour l’été, finalement repoussée à janvier 2026, a cristallisé un malaise déjà bien installé. Inflation persistante, charges en hausse, loyers, énergie, matériel : le pouvoir d’achat des kinés libéraux s’érode, pendant que les actes, eux, restent bloqués. Et le résultat est loin d’être satisfaisant, en attestent les nombreuses mobilisations et manifestations, qui témoignent d’un sentiment global de ne pas être suffisamment entendus. En 2025, exercer comme kinésithérapeute, c’est – comme la plupart des professions médicales – souvent réaliser un métier passion mais dont les conditions sont loin d’être suffisantes.
Enfin, la formation et l’accès à la profession ont eux aussi connu des secousses.
Le numerus clausus a disparu depuis longtemps, les instituts de formation ont multiplié les places, et la France continue d’accueillir des kinés formés à l’étranger. Mais 2025 marque surtout la fin d’un cycle avec l’annonce de la transformation du DPC, qui laissera place à une certification périodique dès 2026. Sur le papier, l’idée est séduisante : mieux valoriser les compétences, coller aux besoins réels du terrain, sortir d’une logique parfois administrative. Dans les faits, beaucoup de kinés restent dans l’attente de réponses concrètes sur le financement, les modalités et la charge réelle que cela représentera. Encore une réforme, encore des zones d’ombre.
2026 : enfin un peu de lumière au bout du tunnel ?
L’année 2026 pourrait pourtant marquer un tournant. D’un point de vue démographique, la progression des effectifs devrait se poursuivre, mais avec une question centrale : comment mieux répartir les kinés sur le territoire ? Les politiques incitatives, les CPTS et les nouvelles formes d’exercice coordonné pourraient jouer un rôle clé, à condition de ne pas rester de simples concepts. La profession est là, nombreuse, compétente, mais elle attend désormais une vraie stratégie de long terme pour répondre au vieillissement de la population et à l’explosion des pathologies chroniques.
Sur le plan économique, l’entrée en vigueur annoncée de la revalorisation des actes au 1er janvier 2026 est évidemment scrutée de près. Ce ne sera pas la révolution, mais cela pourrait envoyer un signal politique fort : reconnaître que la kinésithérapie est un pilier du système de soins, et pas une variable d’ajustement. Reste à savoir si cette revalorisation suffira à redonner de l’oxygène aux cabinets, ou si elle ne fera que compenser partiellement les pertes accumulées ces dernières années.
Enfin, l’accès aux soins pourrait évoluer plus en profondeur avec l’expérimentation de l’accès direct aux kinés dans certaines CPTS. Si les premiers retours sont positifs — en termes de fluidité des parcours, de satisfaction des patients et de désengorgement médical — 2026 pourrait être l’année où l’on commence à envisager sérieusement un élargissement du dispositif. Une reconnaissance implicite des compétences cliniques des kinés, et peut-être le début d’un nouveau rapport de confiance avec les institutions. Le brouillard ne s’est pas encore totalement levé, mais pour la première fois depuis un moment, on distingue enfin quelques lignes d’horizon. Et Bonne Année !


