Une année charnière pour la kinésithérapie
L’année 2025 a été riche en évolutions pour les kinésithérapeutes, entre les revalorisations tarifaires suite à l’avenant 7, les changements réglementaires, les défis économiques et les nouvelles opportunités technologiques, dans un contexte de négociations conventionnelles, de mesures de santé et de tensions autour de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM).
Que vous soyez fraîchement diplômé ou praticien chevronné, cette année a confirmé que la kinésithérapie française traverse une période charnière, marquée par de fortes mutations et des changements profonds dans l’exercice de la profession.
On vous livre les points essentiels à retenir pour aborder 2026 avec clarté et stratégie, au cœur de l’actualité du monde de la santé. Enfilez votre blouse, et plongeons ensemble dans le récapitulatif de cette année haute en rebondissements.
La démographie et les défis territoriaux
Une démographie kiné toujours en croissance… mais inégalement répartie
En 2024-2025, la profession comptait plus de 109 000 kinésithérapeutes diplômés inscrits au tableau de l’Ordre en France, selon les derniers chiffres publiés, dont 82 101 exerçant en libéral. Cela représente une augmentation de près de 14 % par rapport à 2020. Cette croissance est largement portée par l’augmentation du nombre d’étudiants issus des formations initiales, grâce à l’ouverture de nouvelles écoles et au numerus apertus, qui remplace progressivement le numerus clausus.
NB : Le numerus apertus offre une nouvelle approche dans la régulation des admissions en études de santé. Contrairement au numerus clausus, qui imposait un nombre fixe d’admissions, ce système permet une flexibilité adaptée aux besoins locaux. Désormais, les universités, en concertation avec les agences régionales de santé (ARS), déterminent le nombre d’étudiants à former en fonction des besoins de chaque zone et du zonage territorial.
Incitations à l’installation en zones sous-dotées
Les aides financières visant à encourager l’installation des kinés dans les zones sous-dotées sont toujours d’actualité. En 2025, ces dispositifs comme le contrat incitatif à l’installation peuvent toujours atteindre jusqu’à 30 000 € sur 5 ans pour un kiné libéral s’installant dans une zone à fort besoin lorsqu’ils y sont éligibles, conformément aux mesures conventionnelles en vigueur.
L’impact du vieillissement de la patientèle
Le vieillissement de la population est un facteur clé qui transforme l’activité des kinésithérapeutes en France. En 2025, 20,5 % des Français ont plus de 65 ans, ce qui alimente une demande forte en soins de rééducation, de maintien de l’autonomie et d’actes spécifiques liés à la dépendance. Les pathologies chroniques (arthrose, troubles de l’équilibre, post-AVC) représentent une part importante de l’activité quotidienne des cabinets libéraux.
Les kinés développent également des pratiques spécifiques en activité physique adaptée (APA), des programmes de prévention ciblée ou de gestion des douleurs chroniques, renforçant la pratique clinique et la place du kiné dans le parcours de santé.
De plus, les avancées technologiques, comme l’utilisation de la réalité virtuelle pour la rééducation fonctionnelle, trouvent un écho positif auprès des seniors, qui bénéficient de thérapies plus interactives et efficaces.
Cette évolution démographique oblige la profession à repenser son organisation pour mieux absorber cette demande. Cela passe par une meilleure coopération entre professionnels de santé, un maillage territorial plus équilibré entre les zones, et la mise en avant de compétences spécifiques pour accompagner cette transition sociétale.
La nouvelle nomenclature et ses implications
Revalorisation tarifaire : ajustement 2025-2026
L’avenant 7 prévoyait plusieurs revalorisations tarifaires importantes dans la NGAP pour répondre à la longue période de stagnation des tarifs. Toutefois, l’avis du comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’Assurance maladie en juin 2025 a entraîné le report de certaines revalorisations prévues au 1er juillet 2025, qui s’appliqueront désormais au 1er janvier 2026, dans un contexte de contraintes liées à l’ONDAM.
À noter :
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Le 0,6 point supplémentaire de coefficients est validé : les actes anciennement facturés AMS 7,5 connaissent une revalorisation et prennent des valeurs de 8,07 à 8,13 selon les actes décrits avec les nouvelles lettres-clé introduites en 2024, chaque lettre ayant un impact direct sur la facturation.
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La kinébalnéothérapie aussi voit son coefficient augmenté : +1,3 points. Les cotations deviennent respectivement AMK 2,5 et AMK 3,5, renforçant la reconnaissance de ces actes spécifiques à la profession.
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Extension de la cotation des indemnités forfaitaires de déplacement spécifique (hors IFD).
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L’acte de rééducation de la déambulation dans le cadre du maintien de l’autonomie de la personne âgée, coté RPE 6, est remplacé par le nouvel acte RPE 8,5.
Tout cela entre bien en vigueur au 1er janvier 2026 ! Ce contexte souligne l’importance de suivre de près les communications de l’Assurance maladie, de vérifier la mise à jour de son logiciel métier et de sécuriser la gestion de la facturation pour éviter des erreurs ou des refus de télétransmission.
Régulations et finances : un cadre en évolution
La loi Rist et ses impacts
Depuis 2022, la loi Rist continue de façonner l’organisation de la santé en France. Cette loi permet aux patients d’accéder directement, sans passer par le médecin, aux infirmiers en pratique avancée (IPA) et aux masseurs-kinésithérapeutes exerçant à l’hôpital, en clinique, dans un établissement social ou médico-social ou, en ville, dans une maison ou un centre de santé.
Pour les kinés, elle offre un cadre renforcé pour la coopération interprofessionnelle, notamment dans les structures pluridisciplinaires. Cela signifie plus d’autonomie dans la pratique, mais aussi des responsabilités accrues pour les professionnels.
Revenu moyen et charges à surveiller
En libéral, le revenu moyen mensuel brut d’un kiné s’élève à environ 3 000 €. Cependant, ces chiffres varient fortement selon le lieu d’exercice, la patientèle et l’organisation du cabinet. L’inflation, la hausse des charges fixes et des coûts d’assurance pèsent sur l’équilibre économique et la rentabilité de l’activité.
Ces contraintes incitent de plus en plus à explorer des modes d’exercice mutualisés (cabinets partagés, Maison de Santé Pluridisciplinaire) ou à optimiser les processus administratifs et la gestion de la comptabilité grâce à des outils adaptés.
Patientèle et innovations : un avenir prometteur
Adaptations cliniques et nouvelles demandes
La demande de soins liée à la sédentarité, aux douleurs musculo-squelettiques et à la chronicité demeure forte. De nombreux praticiens adaptent leurs pratiques vers des approches interdisciplinaires, en coordination avec médecins, ergothérapeutes et psychomotriciens, renforçant la qualité des actes réalisés.
Outils numériques et télé-rééducation
Les outils numériques de télésoin et plateformes de suivi à distance continuent de s’imposer dans la pratique quotidienne. Ils améliorent l’adhésion au traitement, la qualité perçue des soins et la traçabilité des actes, tout en s’inscrivant dans les nouvelles orientations de la santé numérique.
2026 : quelles perspectives ?
Formation continue et obligations réglementaires
Depuis 2023, le DPC est englobé dans la Certification Périodique. Ce changement impose une organisation plus structurée des formations, qui doivent viser à :
– actualiser les connaissances et les compétences ;
– renforcer la qualité des pratiques professionnelles ;
– améliorer les relations avec les patients ;
– mieux prendre en compte la santé du professionnel.
Territorialisation des installations
Les réflexions autour de la régulation de l’installation, du zonage et des incitations financières restent au cœur des discussions entre l’Assurance maladie, les syndicats et les représentants de la profession, avec des impacts directs sur l’organisation future du territoire.
Conclusion : Un futur à construire ensemble
Ce bilan montre que la kinésithérapie est confrontée à une double dynamique. D’un côté, des opportunités de reconnaissance renforcée via la réglementation, les avenants, les revalorisations et les nouvelles lettres-clé. De l’autre, des contraintes économiques et organisationnelles qui demandent une capacité d’adaptation permanente.
Votre pratique évolue, vos obligations aussi. Suivre l’actualité, sécuriser la facturation, optimiser la gestion et anticiper les perspectives 2026 sera essentiel pour continuer à exercer de manière sereine et durable.


